lundi 1 juin 2009


 
Hélène Larrivé, auteur puis éditrice
("Secret de famille", "Noces kurdes", "Lettres à Lydie"...)

Retour au pays... et impression pénible :
un enfant abandonné,
qu'on retrouverait maltraité, exploité, pillé...
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10 juin 2010



A Saint Ambroix, dans cette "bande de Languedoc,
entre Cévennes et Provence", comme partout...

Notre patrimoine, saccagé, en déshérence, se privatise.
Ce patrimoine, c'est nous, notre culture.

Il n'est pas à nous, mais nous, à lui.



"Écoute le vent dans les arbres,
Le souffle de la brise sur ta tête, le cri des racines,
La caresse du micocoulier,
Et le chant des oiseaux dans la vallée...
C'est la voix de nos ancêtres qui te parle
Et t'exhorte de les porter
Comme ils t'ont porté en eux."

 Vue de la Roque, le 13 août 2011, 9 h


Sonate au clair de lune..

 
Vers Saint Victor, le village auquel conduit le chemin

Vôtan, qui aura son rôle dans l'histoire

Le mas Quissargues.
Zerbini, Lanot et un groupe de maquisards
y furent arrêtés en 44 et précipités
dans le puits de Célas.

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UN PETIT CHEMIN PERDU QUI SENT LE THYM




Son symbole : un vénérable, multicentenaire, un peuplier noir ? peut-être...
découvert après que l'on ait défriché, et même par endroit,
tronçonné des arbres morts tombés en travers, pour pouvoir passer. Il a dû voir mon aïeul qui s'y est tué à cheval il y a 80 ans. Parlera-t-il? A-t-il "vu" ? Était-ce un accident ? Cold case.




Une petite tour en haut, presque troglodyte, multicentenaire elle aussi, dont on ne sait à quoi elle servait. Guet ? Séchoir ? Historiens, archivistes, érudits, go...


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Et la suite... (ce passage est de février 2012, soit 3 ans après...)


A présent, c'est presque un vrai chemin et non un sentier dans les broussailles passant au raz d'un mur de soutènement dont le garde corps a disparu ainsi que ses pierres...

.. sur la montagne (le milieu du chemin).. 

Et la fin, la Cèze. (Après, c'est St Victor.)

Mais il reste ce passage dangereux où le mur s'est effondré (et il n'y a plus de pierres), à restaurer par la mairie qui va le faire (lien avec le blog associé).


 





..et non à interdire comme ce fut le cas en mai 2009. Les affiches sous plastique furent apposées à l'orée au moment d'une expo, ainsi qu'une barrière rouillée qui barrait la route.. et un peu partout ; ce furent la pluie, le vent etc.. qui finirent par les éparpiller et on en trouve encore de temps en temps dans le talweg...


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Retour au blog initial du 1/6/2009

Le bétonnage intensif, l'inconscience égoïste de ceux qui privatisent des communs et transforment des terres agricoles en... autre chose de plus rentable immédiatement... multipliés par un facteur x,  génèrent l'état de dépendance alimentaire qui est le nôtre actuellement. Ici, un chemin barré, donc devenu en déshérence, bien qu'il conduise à un village (à pied ou autrefois à cheval) puis "interdit" (car dangereux) et restauré à demi.


Un paysage de western, superbe, inquiétant aussi... 








Tout en bas coule une rivière (polluée)



Un chemin, c'est un lien entre la nature, l'homme, les hommes entre eux, les animaux... et peut-être l'esprit.



Défrichage et "escalier" qui conduit à un autre chemin, montant à La Roque
le deuxième chemin... 

Celui-ci, un talweg (un chemin-ruisseau), un raccourci appréciable, ombragé, débouche sur le premier chemin : il est impraticable. Lorsqu'un chemin est fermé, d'autres le deviennent par ricochet, la végétation gagne etc... En dégager un, c'est en dégager d'autres... parfois eux aussi bouchés plus loin : le maillage des anciens, comme un bas qui file, se défait et nous nous enfermons. Les distances se déforment, paraissent ou sont plus longues, la voiture devient obligatoire... et des trésors sont perdus. En voici un sans doute.

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L'esprit... et la technique : un bélier ?


Une richesse peut-être, pour irriguer :
les vestiges d'un "bélier"
qui montait l'eau
dans les terrasses autrefois potagères...

ce qui aurait été impossible sinon
(je m'étais toujours demandée comment ils faisaient).


Tout près d'une chute d'eau et d'une retenue importante...


On trouve, intacts, parfois enfouis,
des tuyaux de fort diamètre, très lourds...


... boulonnés serrés...



... avec un coude tout en bas, évocateur


qui n'ont rien à voir avec ceux
de faible diamètre, abîmés, rassemblant
l'eau ruisselant de la montagne,
dans le talweg...

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Ça vaut le coup d'aller voir de plus près;
pour l'heure, il faut grimper...



La solution : un escalier échelle.
Ecolo, amovible et commode, relativement,

merci Jorges...

On a donc aussi défriché ce chemin-ci. Mais tout en haut, presqu'arrivés, déception : on tombe sur une pelouse bien verte, enclose dans une propriété privée dont on doit franchir piteusement la clôture pour sortir. Plus de chemin. Remblayé, le ruisseau, sur ce tronçon ! Avec quoi ? Mystère. Et ses pierres ? Mystère, aussi, mais moins épais : le mas des riverains s'est agrandi. L'eau passe pourtant et coule toujours en bas, aussi limpide qu'avant. En apparence. Dévier ou arrêter le cours d'un ruisseau est risqué : l'eau saccagera tout, sur place ou ailleurs...


Mais est-ce bien un chemin ?

"Allons, il est perdu puisque personne ne peut plus y passer,
et si personne n'y passe plus, c'est que ce n'était pas un chemin..."
Raisonnement en vrille mais bon... "Allez voir au cadastre" tranche le géomètre.

Vérification, aux archives 




Le cadastre napoléonien, à Nîmes.

Émouvant : peint à l'aquarelle, tracé et écrit à la main, impeccable, méticuleux. Ici, on voit un puits, hélas comblé [en haut, au milieu de la ligne en pointillés] ; le chemin-talweg qui monte à la Roque, vertical, inscrit, alléluia ! comme un chemin [et non en bleu comme un cours d'eau]; celui de Saint-Victor... et là, une cerise sur le gâteau : là, il est bien plus large que l'on ne pensait. Dans tout le cadastre, on en voit bien d'autres, la plupart perdus, labourés, coulés, lotis, une catastrophe écologique (inondations etc). Partout, des terres agricoles sont saccagées, bétonnées, ou rendues inaccessibles, pas seulement dans le midi, comme le montre l'histoire de Chantal, petite paysanne de la Nièvre qui se bat pour conserver son exploitation malgré d'invraisemblables "aléas" (lien).

Un détail : le domaine public est imprescriptible. Cela veut dire qu'il est impossible à un tiers d'acquérir un bien public par voie de "prescription", c'est à dire par une possession [une captation] même prolongée.



La suite, sur le terrain : le chemin surplombe une propriété privée...
Gênant certes car il n'y a plus d'arbres : i
ci, Vôtan, curieux, observe un matou en contrebas. A présent, il a appris à marcher "droit", en chien bien élevé.
Tout va bien. Mais... Mais cent mètres après...



L'image choc





Juste un bulldozer et c'est fini


Ce qui vient immédiatement
à l'esprit: une éventration.


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Je pense à Lydie, à Guy, à tous...
Disparus. On n'a pas su le préserver
mais on va le reconstruire.



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D'où ce Comité.



SAUVEGARDONS NOTRE PATRIMOINE


Aux jeunes qui ne se laissent pas arrêter par des barrières,
aux poètes qui y cueillent des asperges ou contemplent les orchidées,
à Jorge qui y a durement travaillé,
à Fred le parisien qui y fait son apprentissage de paysan,
à Christian qui y retrouve son père,
à Mireille qui va y retourner sous peu, à plat à présent,
à Sandra qui y cultivait son jardin,
Aux vieux qui allaient y récolter les légumes de la soupe,
à Madame Pantousié qui y voit flotter l’âme de sa mère,
à Georgette qui y a trimé dans sa jeunesse,
aux fileuses qui se brûlaient les doigts,
et étouffaient dans la puanteur des chrysalides,
à tous… Ce chemin...


Ces splendeurs, notre patrimoine naturel et culturel voire cultuel, ces murs de pierres, quasiment occultés depuis longtemps, sont à présent relativement accessibles. A la collectivité de suivre: ce mur éboulé, c'est à des pro de le reconstruire. Il le sera ... sous peu : c'est au pied du mur dit-on, que l'on voit... l'élu. Ecolo ? Parfois. Souvent. Mou ? Parfois aussi. Ca dépend... s'il y a du vent ? Peut-être. Mystères de la politique, insondables.



Un second cadeau d'un ami à une maladroite. Re merci, Jorge.



L'échelle de Jacob. Biblique. Elle pèse ? 130 kg ?
Faite sur place avec des troncs pleins, d'acacias. Imputrescibles.



"Comité de sauvegarde de notre patrimoine


Partout, des campagnes, chemins, lieux historiques, baignades... deviennent inaccessibles et sont dégradés : peu à peu, nous délaissons les plaisirs naturels et gratuits, marcher, jouir d’un panorama, sentir des odeurs, observer la faune, la flore, se baigner dans un gourg… pour des loisirs imposés coûteux, artificiels, malsains, parfois dangereux et polluants : télé, piscines, autos. Notre patrimoine culturel fout le camp, ce patrimoine exceptionnel qui nous a été légué depuis des siècles encore intact par endroits et nos enfants se voient privés de ce qui a enchanté notre vie. Avant que ce ne soit irrémédiable, réagissons, c'est simple : allons nous promener ! Pique niquer, découvrir une grotte, des castors, oiseaux, plantes (parfois rares !) Rattrapons le coup si cela se peut..."



Et c'est possible. Les mains, ça peut servir parfois... (Sexy, non ?)





Et voici ce qu'on découvre. Une eau claire, cristalline, qui était inaccessible. Ça valait le coup.




Quelques débris cependant, sur les bords, trois fois rien.
Vôtan s'est baigné avec enthousiasme,
fasciné par les galets scintillants.


"Faisons aussi appel à nos élus. Notre région, chargée d’histoire, poétique et belle, partout est exaltée : un phare. Respectons la, faisons la respecter ! Et soyons vigilants : le saccage écologique ressemble parfois à de la "revalorisation" ! Abattage d’arbres, de buttées, comblement et déviation de ruisseaux remplacés par des pelouses, terrains de golf tape à l’œil… conduiront et ont déjà conduit à des catastrophes annoncées : sous peu, la terre qu’ils retenaient ou canalisaient glissera, l’eau emportera tout et partout. Ce sera donc à nous de rebâtir. Les promoteurs ? Indemnisés, loin. Bénéficiaires. L’addition ? Devinez."

Hélène Larrivé. Pour un comité de sauvegarde, avec le "Réboussier" (voir le blog et le site "larrive.info".) 06 87 55 42 13 ou 04 66 61 37 12.
Renvoyez la feuille : 513 ch Ranquet St Ambroix 30 ou laissez un message signature sur le net.


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Et voici la saga où j'ai laissé quelques plumes ! L'expédition (la première Croisade)




Départ: équipement, portable, sécateur top bien aiguisé, tout va bien encore.



Une fois franchies les ronces de l'accès,
et quelques troncs d'arbres peu engageants,
on passe, et même bien.
Des herbes, rien de plus...


Ça sent la brise, le chèvre feuille... le soleil.
L'âme de mes ancêtres ? aussi.
Mais... Mais...





Montjoie, Saint Denis ! L'image pénible.

Vôtan, perplexe, inquiet, se retourne : 
"On y va, tu es sûre ? Tu vois bien que ça va nulle part...
Et en plus, ça doit être plein de chats..."




J'insiste : après tout c'est moi le chef.
Et juste après, on retrouve le chemin intact.
Ce n'était pas le terminus d'un cul de sac
mais un éboulement... très circonscrit !








 Et le deuxième miracle, bien plus loin encore, découvert ensuite : le Vénérable, 300 ans au moins, 400 peut-être, 6 m de circonférence. Il faut l'interroger. Il n'est encore pas très loquace, déshabitué qu'il est aux hommes, mais ça viendra. Il faut surtout le débarrasser de ce lierre qui l'importune. Lors du prochain passage, pensez-y. (Tronçonneuse nécessaire étant donné le volume du "lierre", 17 cm de circonférence par endroit .. qui suinte bizarrement d'une cire qui fond tout de suite dans la main, à l'odeur d'encaustique agréable. Qu'est-ce?) Il nous appartient à présent, ainsi que cette terre autrefois jardin. Cela a pris deux ans car les proprios (une administration) n'avaient pas les actes et il fallait un conseil d'administration puis un autre puis un autre puis puis... et entre temps, forcément, le prix des actes notariés avait augmenté de 300 Euros, une paille. Si bien que pour 100 Euros d'achat (le terrain était de faible valeur car quasi inaccessible) on a dû débourser 700 pour le notaire qui nous a tout expliqué bien comme il faut, mais enfin on a eu aussi deux porte-clefs fort jolis, on n'a pas tout perdu. (Le chèque n'est que le "reliquat" de ce que nous avions déjà payé pour la promesse de vente.) L'écologie coûte cher. 

 
 Deux ans après, nous avons défriché, "construit" ! soigné l'arbre -et remonté quelques murs-.




Et voici un des talwegs
(ruisseau praticable à pied ou avec des ânes)
qui coupent le chemin; celui-ci
descend du point le plus haut de la Roque,

dit les "Trois pins",
jusqu'à la Cèze.
Perdu dans des broussailles mais intact.
Quelques vestiges, pas encore archéologiques

charriés par l'eau de la montagne :
pièces de voitures, casseroles...
Dans 800 ans, les érudits se réjouiront.



Et, plus loin encore, après avoir franchi des ronces
phénoménales mais bizarrement sans épines, 

tout en bas d'un autre talweg,
enfin, LE MONUMENT !

Bordé de murs parfaitement ouvragés, dans un état impeccable d'un côté,
c
'est le chemin de la Viguerie, à demi enfoui depuis longtemps
et dégagé en 2002 par l'eau, qui a fait un travail d'archéologue.
Il comporte un puits en hauteur qui a l'air d'une tour : 

profond, ses bords circulaires semblent faits au compas. Impressionnant.

Voilà donc la route qui monte jusqu'à Saint Brès, Saint Geniès... celle qu'empruntait mon aïeul... Une minute de silence. Comment les maçons d'autrefois ont-il pu réaliser un tel ouvrage,
avec de telles pierres, à un endroit pareil ? Attention: des sangliers occupent et ils n'ont pas le sens du communal... comme certains humains. Venez avec un chien, l'odeur seule les fait fuir.


La remontée, de la Viguerie aux "Trois pins", et le drame


Passer par la montagne pour éviter de revoir le chemin éventré ? Une idée idiote comme on en a lorsqu'on est épuisé. Le soleil, la roche nue, les éboulis, les épineux, je suis à mi distance, cela me semble aussi effroyable de monter que de descendre, je sens que je vais tomber, je ne vois plus clair, les sons deviennent lointains, je respire mal.. je vais mourir, j'ai juste le temps d'appeler les gendarmes et m'affale, demi inconsciente... Vôtan à mes côtés me lèche sans arrêt cou et visage pour me "réveiller", faisant ainsi affluer par la carotide et les jugulaires le sang vers le cerveau (il semble après coup que c'était exactement ce qu'il fallait faire).. il m'humidifie aussi ! puis, lorsque je peux enfin tenir debout (mal) me conduit fermement vers un passage qu'il avait deviné. (Comment?) Cela ne me semble pas judicieux (ça descend) mais je n'ai plus la force de penser et tant mieux car après un virage, je découvre en effet un pseudo sentier sinueux moins éboulé. Durant tout le temps que j'étais allongée, héroïque car il souffrait autant que moi, il s'est mis entre le soleil et moi. Lorsque les gendarmes sont enfin arrivés à la route, merci à eux, je sortais des broussailles, hirsute, griffée, mains en sang, sans lunettes -perdues- ni foulard -perdu aussi- vêtements déchirés et œil poché mais relativement remise. Le soleil avait baissé.


Ce photo reportage est dédié à ce chien (adopté depuis peu pourtant, après son abandon par son maître) qui ne voulait pas passer mais m'a obéi sans discuter... et pour finir, tirée à ses dépends d'un pétrin qu'il avait sans doute prévu sans la ramener ni réclamer quoique ce soit, un geste dont beaucoup d'hommes seraient incapables. A certains endroits, il a dû m'aider, presque me tirer (60 kg contre 35 ! je me cramponnais à sa queue) et en arrivant, soufflait comme une forge et a bu deux litres d'eau d'un trait (les BA craignent particulièrement soleil et chaleur et malgré leur puissance, ce sont des chiens relativement fragiles.)


Ainsi qu'à Lydie ma mère :
le temps, "une illusion persistante"...



La cascade
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ÉPILOGUE

Et, après que nous eûmes pioché, défriché, brûlé, charroyé, tronçonné et quasiment sécurisé les lieux (en tout cas, bien moins risqués à présent), que croyez-vous qu'il advînt ? Le chemin a été interdit. 






Tout ceci aurait-il été fait en vain, du moins pour l'instant? Qu'importe, "il faut imaginer Sisyphe heureux." Mais dans quelque temps, il sera reconstruit par les "foyer ruraux" (gratuit)... Quelque temps ! Dans un mois dans un an... que le jour recommence et que le jour finisse... etc... Ça continue donc, mais cette fois, sur un autre flan : l'argent. On est écolo, oui ou non? C'est au pied du mur ...




Le pouvoir.




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Et un peu de pub à présent : le travail bénévole, c'est bien, mais ça ne nourrit pas sa femme, son (ou plutôt ses) chiens, chats, ânes etc... Voir les blogs actualité HBL (Darfour, Femmes d'Iran, Secret d'actualité...) dont le sommaire se trouve sur :



Et le dernier livre "Le puits de Célas", qui fait suite aux "Lettres à Lydie" (à l'origine, c'était une préface! ) disponible dans toutes les bonnes librairies et à la "Maison de la presse" de Saint Ambroix en particulier. Ainsi que les "Chants philosophiques" qui sort lundi 13 juin, qui se déroulent justement... sur une terre qui jouxte ce chemin. Un essai sur la nature.
Autres activités d'HBL : des sites Internet, rédaction, conception etc... (Ecrivain public et informatique.) 0687554213
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Et pour finir... Aux élus,
un cri de rage et de peine


En interdisant ou en laissant interdire un chemin que nous venions de défricher et de sécuriser, vous n'aurez pas la voix de ceux qui dégradent des sites publics par inadvertance, mais en revanche, vous perdrez celle des écolos, plus nombreux... Une erreur. Car ce que tous voient ici est que des "inadvertants"— bien, la litote ? — sont absous ou loués... et les réparateurs, cinglés… Une image forte. Qui marquera. Beau comme l'antique.


Rage, désespoir et télé. Les experts, finalement, y a que ça de vrai...


C’est nous (nous tous) qui sommes atteints de plein fouet par ce geste [entre mille]: il est à présent un symbole et un exemple... et vous venez de rater un coche qui ne passera plus. Maintenant que les gens peuvent y aller se promener, vous êtes guettés au tournant. Et... trouvés ! [Pas prévu.] Rattrapez le coup si c’est encore possible, situez-vous sans ambiguïté, redressez la barre vite : la seule manière est de reconstruire le mur abattu et surtout de lever cet interdit: un affront pour tous ceux qui se sont collés à remettre en état le chemin… sur la base que nos élus étant à présent écolos (parfois il y avait comme des doutes!) nous devions nous retrousser les manches, tous. Vous rendez-vous compte du désaveu que représente ce panneau apposé maintenant*? Réflexions multiples.

*A cause de l’exposition... des riverains, justement ? Décidément, l’affaire est de plus en plus cocasse. Soit, si ça apportait au village. Mais un pandémonium parfaitement enclos [et ne désirant que l’être davantage] fonctionne toujours en stricte autarcie sur tous les plans.

Ne tirez pas sur ceux qui vous/nous aident. Une question : qui porte le village ? Vous ? Oui. Ceux qui travaillent, par exemple, pour "paysans sans frontières" ? Oui. Ceux qui font de l’agro biologie ? Oui. Ceux qui défrichent ? Oui. Qui lisent ou écrivent entre autre l’histoire du pays ? Oui. Qui organisent des randonnées ? Oui. Qui œuvrent… font des sites, des films... sur la région [ou d'autres]? Oui! Qui, comme les libraires -et il en reste peu!- se lèvent à cinq heures et demi, ouvrent même le dimanche... et trouvent le temps d'organiser des signatures ? Oui !! Tous ceux-là sont ici, à nos portes. Et nous/vous portent. Ce sont eux qu’il faut aider [ou au moins ne pas accabler]. Pas des "inadvertants". Mais bien sûr, ce n'est qu'un malentendu. Hélène Larrivé

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A ce sujet, Guenter Leitzgen,
cinéaste et historien allemand résidant à Erlan,
a réalisé un film sur la résistance dans les Cévennes,
remarquable, dans lequel il est question du Puits de Célas
et de Lisa et Hedwig, les deux résistantes
allemandes
qui y furent précipitées. Qu'il en soit remercié...
et qu'il puisse le faire passer ici.
Il possède une maison à Chadouillet où il rend souvent.
Tapis rouge SVP: là, c'est le moins... Non?

guenter.leitzgen@franken-online.de

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... Et quelques réflexions plus calmes sur le pouvoir et le droit,
la diplomatie et la démagogie.

Ne pas dépasser la dose prescrite


-->

Obéir à ses devoirs, c’est bien, mais pas les outrepasser. [Remarque d’un élu.]
La formule semble curieuse... mais elle est juste : droit et devoir sont les deux faces d’une même médaille, le droit de l’un est le devoir de l’autre etc... Les deux termes sont donc interchangeables d'un point de vue général et obéir à ses droits c'est obéir à ses devoirs. Si on peut, on doit. En effet, la même barque qui nous porte tous coulera avec nous si un seul la perce, même juste du côté qui lui "appartient".

Donc outrepasser ses devoirs, c'est aussi outrepasser ses droits. Cela allège la charge mais peut devenir quête de pouvoir ou ingérence. L’excès de devoir est rarement reproché car le plus souvent [surtout lorsqu'un tiers est en cause, à juste titre ou non] on s’en remet au pouvoir pour faire respecter le droit, même dans des cas que l’on pourrait prendre en charge seul. On se croit impuissant et par définition le contrevenant est sûr de lui ; on craint des représailles et par définition le contrevenant est offensif ; on veut la paix : on se défausse. On se croit seul et à force de le supposer, on le devient.


Et cependant lorsqu’on peut rétablir le droit, si peu que ce soit [une pierre enlevée au milieu d’un chemin, une ronce…] on le doit. Cela peut-il conduire à une remise en cause du pouvoir, qui, ayant une vue plus large, apprécie autrement les urgences ? Ou au contraire à une collaboration ? Pourrait-on en profiter ? Excès de devoir = excès de pouvoir ? Ça dépend des cas. Subjectivité incontournable de l'acte humain, comme l'est pour les décideurs l'appréciation des urgences. Une question de bonne ou de mauvaise foi.

Mais le Pouvoir, qui se heurte à la passivité des uns [le sollicitant pour des futilités] et peut-être à l’excès des autres [qui prendraient en main une affaire lui incombant] met le citoyen sur le fil du rasoir : que faire ? Rien ? Assistanat. Trop ? Ingérence. Juste ce qui faut? Lorsqu’on s’y est collé, d'une ronce à l'autre... on va plus loin qu'on ne pensait, surtout lorsque d’autres ont pris la suite, ce qui était le but. Louable ? Non : on agit toujours pour soi. Blâmable ? non plus, assurément.

Mais il est vrai qu’un geste civique de bonne foi peut figurer [pour celui qu’il dérange] une ingérence. [Du moins l’affirme-t-il.] Celui qui se soucie peu du bien commun est souvent âpre à défendre son pré carré, fût-il un peu étendu: logique. Or le pouvoir doit ménager chèvre et chou [et davantage la biquette qui a les cornes plus acérées] : tout un art, entre éthique, pronostic et démagogie. [Nous avons (ou avions) élu des écolo certes ; mais le pouvoir modifie. Tous. Même le simple citoyen. Inéluctable.]



Entre chèvre



Et chou ?


Mais si le gouvernant doit louvoyer pour plaire à tous, le gouverné, lui, est libre d’agir : or l’engagement écolo étant nôtre [jusqu’à preuve du contraire] la question d’ingérence ici ne se pose pas. Ou alors cela signifierait que l'engagement de nos élus comporterait des limites... ou pire, serait démagogique. Cette question de limite, c’est donc à eux à présent qu’elle se pose : l’écologie n’étant en principe pas le fait des inciviques [logique !] plutôt sis du côté où penche la balance [et il y a peu, elle penchait mal] c’est à dire de leur intérêt, et à court terme, jouer leur jeu, ou en donner l'apparence, est erreur et faute.




La politique a ses raisons que l’éthique ignore, soit… mais ne pas dépasser la dose prescrite.

Sinon le résultat est forcément celui-là

Comme c’est facile ! Qui veut noyer son chemin l'accuse de... Et voici que l’interdit devient officiel. C'est carré.

Et ça donne des idées noires

A adopter


Imaginons un autre scénar. Supposons que je fasse tomber le mur en haut de chez moi qui s’éboule. Vite fait bien fait, un coup de bull et hop. J’espère que les élus vont enfin interdire ce chemin dangereux qui me surplombe : oyez, ils sont responsables en cas d'accident, je le dis par pur souci civique et nullement parce que les fâcheux qui passent au dessus de chez moi m’insupportent, surtout depuis qu'il n'y a plus d'arbres pour me protéger des contrariants, même peu nombreux. Drôle, non ?



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[Aux élus] ; le pouvoir modifie

Que vous nous déceviez un peu est naturel : le pouvoir change inéluctablement les gens, un prof, un proviseur de lycée, un président de jury de bac, un citoyen ou un élu du peuple... même le plus intègre. Le pouvoir, les responsabilités, les choix à faire, les comptes à rendre, la crainte de ne pas se montrer à la hauteur, entre marteau et enclume... être épié, scruté, manipulé, flagorné ou menacé, harcelé... cela change celui qui en
subit ses aléas. Mais pas à ce point. C'est une question de limite, toujours. Délicate ? Oui. OK mes amis .Vous l'avez choisi : nous pas, (moi en tout cas). Justement pour demeurer libre de dire, d'écrire, et de faire. A vous d'assurer. On ne peut pas tout et pas sans vous. Contre vous ? Ce n'était pas prévu. En parallèle ? C'est déjà mieux. Allons, pas de pessimisme. Ce mur va être refait maintenant c'est sûr.




Pour nous rejoindre, poster un message à
helenelarrive@gmail.com


A bientôt !


-->

1 commentaire:

  1. Ce bout de chemin m'a beaucoup rappelé mon enfance et ces très belles Cévennes,si chères à mon coeur...Merci à Hélène Larrivé pour ces textes magnifiques! VIVIANE

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